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Carburant : faut-il craindre un retour aux tarifs record de 2022 ?

Après les hausses successives du prix du carburant au Maroc, un total de cinq augmentations des tarifs à la pompe en l’espace d’un mois, les automobilistes pourraient être appelés à se serrer davantage la ceinture. Mais, certains spécialistes, plutôt nuancés, tablent sur une stabilité des prix autour de 14 DH/l, loin des 17 DH de l’année dernière.

Les automobilistes ne sont pas au bout de leur peine. Après cinq hausses consécutives en l’espace d’un mois seulement, le prix à la pompe pourrait connaître de nouvelles augmentations plus importantes. Une probabilité que certains prennent déjà pour une certitude allant jusqu’à affirmer que le Maroc se dirige droit vers les tarifs record de l’année 2022 avec un litre du carburant autour des 17 DH dans les mois à venir. Et l’actualité semble leur donner raison. Les plus grands géants mondiaux de l’or noir, en l’occurrence l’Arabie Saoudite et la Russie, ont décidé de maintenir leur politique de baisse de leur production afin de garder le cours du baril dans une tendance haussière. Une politique qui porte déjà ses fruits. Après avoir gagné 1% de hausse, le cours du baril de Brent se situait vendredi 8 septembre 2023 à plus de 90 dollars.

Au même moment, le baril de référence WTI progressait de presque 2%, au-delà de 87 dollars. Ce n’est pas encore fini puisque Ryad et Moscou ne sont près de faire baisser les enchères. En effet, l’Arabie Saoudite a prévu de réduire sa production de pétrole d’un million de barils par jour pour trois mois supplémentaires tandis que la Russie est bien déterminée à maintenir la baisse de ses exportations de pétrole de 300.000 b/j jusqu’à la fin de l’année. On le voit bien, les prix des carburants pourraient encore croître dans les prochains mois. Une catastrophe pour le budget des ménages et des entreprises qui ne risque pas de se produire cependant, si l’on en croit Mostafa Labrak, fin connaisseur du marché du pétrole national et mondial.

Selon le directeur général d’Engerysium Consulting, s’il n’est pas exclu une petite augmentation dans les semaines à venir, et malgré celle observée depuis le 2 septembre, on est encore très loin des tarifs de 2022 au plus fort des hausses du prix du carburant au Maroc.

Labrak voit plutôt une stabilité des prix pour le reste de l’année autour de 14 DH. Si la Russie et l’Arabie Saoudite ont décidé de réduire leur production, «il faut attendre de voir comment va évoluer le stock de carburant des Américains. Vont-t-ils injecter des millions de barils sur le marché mondial ?», s’interroge le spécialiste. Il ajoute que la hausse du prix du baril qui tutoie les 100 DH peut produire l’effet inverse. «Un baril à plus de 100 DH peut provoquer l’effet inverse car plus le carburant coûte cher, moins la demande est forte», ajoute notre interlocuteur qui se veut toutefois très prudent. «La guerre entre la Russie et l’Ukraine, un élément qui influe sur le cours du pétrole, n’est pas encore terminée. Au même moment, alors que l’inflation bat encore son plein, il y a beaucoup d’instabilités dans le monde», nuance Labrak. S’agissant des marges, il estime également qu’elles ne seront pas exceptionnelles cette année, que ce soit pour les commerçants ou les compagnies pétrolières.

Une hausse «injustifiée»
Rappelons que le litre d’essence a augmenté d’environ 49 centimes pour se situer autour de 15,50 DH alors que celui du gasoil a grimpé de 27 centimes pour atteindre près de 13,60 DH. Ces augmentations ont mis les consuméristes dans tous leurs états.

Dans un communiqué de presse transmis à «Les Inspirations ÉCO», la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC) a récemment condamné ce qu’elle considère comme une énième hausse injustifiée. Elle estime que le niveau des prix dans les stations-service est loin de refléter la vérité des prix. «Une situation qui épuise constamment le pouvoir d’achat», alors que les prix des produits de denrées de première nécessité et ceux des services sont également en hausse, regrette la FMDC.

L’organisme dénonce une «situation malsaine d’un point de vue économique». Il appelle à la nécessité de se conformer aux mécanismes du marché libre et à garantir le principe de transparence du marché en respectant le droit du consommateur à l’information. Il en appelle également à «l’intervention ferme de toutes les autorités et institutions concernées afin que l’ensemble des acteurs du marché se conforme aux lois, en particulier les pratiques contraires aux règles et contrôles de la liberté des prix et de la concurrence».

Mostafa Labrak
Directeur général d’Engerysium Consulting

«La guerre entre la Russie et l’Ukraine, un élément qui influe sur le cours du pétrole, n’est pas encore terminée. Au même moment, alors que l’inflation bat encore son plein, il y a beaucoup d’instabilités dans le monde».

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